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Vitirover, le robot de tonte intelligent

Parce qu’il en avait marre de gérer l’herbe dans ses vignes, Xavier David Beaulieu, viticulteur au Château Coutet à Saint-Émilion (33), a créé une tondeuse 4X4, équipé de panneaux solaires pour une autonomie totale. Désormais, il propose l’outil à ses collègues sous forme de prestations tout compris.

Parfaitement autonome grâce à ses capteurs solaires, le Vitirover est capable de passer partout, même en sols caillouteux.
Parfaitement autonome grâce à ses capteurs solaires, le Vitirover est capable de passer partout, même en sols caillouteux.
© AA

C’est un jour à ne pas travailler. Pas loin de 40 degrés. Le groupe des fermes de démonstration du programme Nefertiti (réseau européen de réduction des intrants) a bien du mal à se déplacer de l’ombre de tilleuls pour aller dans les vignes voir le Vitirover en pleine action.
Ce robot de la taille d’une voiture téléguidée d’enfants est à fond. Ses capteurs solaires en prennent plein les mirettes et le robot – ou plutôt les robots – font le job sous le cagnard et sans se plaindre.
Confier une tâche ingrate et rébarbative à un robot pour ne pas avoir à la confier à des humains était bien l’objectif premier de l’inventeur du Vitirover. Nous le rencontrons chez lui, au Château Coutet à Saint-Émilion.

Idée de génie

Xavier David-Beaulieu travaillait dans la technique avant de rejoindre son frère sur l’exploitation familiale. « Je me suis donc remis à décavaillonner comme quand j’étais gamin. Sauf qu’alors je le faisais avec un cheval », explique-t-il en français et en anglais au groupe du programme Nefertiti. Désormais, ces heures de tracteur pour maîtriser la pousse de l’herbe ne l’amusent pas vraiment. Pour se divertir de cette contrainte, il adapte des tondeuses inter-ceps devant ou derrière le tracteur et même sous le tracteur pour faciliter la tonte de l’inter-rang. Rien à faire, les outils maltraite des ceps, arrachent des fils et la contrainte reste. « Je me suis dit que l’idéal serait d’avoir des ciseaux et beaucoup de main d’œuvre pour passer partout dans la vigne », plaisante-t-il. Impensable évidemment, à moins de remettre l’esclavage à la mode !
De toutes ces réflexions a germé une idée de génie. Xavier David Beaulieu touche au Graal quand il imagine une petite machine format tondeuse de jardin équipée à l’avant d’une barre de coupe et de trois gyrobroyeurs et d’une carapace suffisamment solide pour se balader partout dans les vignes, y compris en  terrain caillouteux. Il en parle au conseiller de la Chambre d’agriculture Pascal Guilbault, qui l’encourage à aller plus loin et à fonder sa propre société.
Il fallait donner de l’autonomie à ce 4X4 miniature équipé de quatre roues motrices (d’où le nom « rover ») : ce sera l’énergie solaire, elle ne manque pas entre les rangs de vignes. Le joujou est plus technologique qu’il n’y paraît. Son périmètre d’intervention est délimité par deux GPS qui le guident pour intervenir place après place et couvrir toute la parcelle. Un logiciel de déplacement permet la répartition du travail entre les différents robots placés dans les vignes (1 pour 2 ha environ) :  Vitirover est un robot intelligent, pas une auto-tamponeuse ! Respectueux en plus car il détecte les obstacles et maintient une distance avec le pied de vigne de 1 cm pour aller au contact sans blesser.

Un nouveau métier

Restait à résoudre quelques petits problèmes. Humains ceux-là. D’accord le Vitirover se débrouille et, parfaitement autonome, n’a besoin de personne pendant les travaux. Mais qui le surveille ? L’entretient ? Change le cas échéant sa batterie ou intervient si un fil de fer s’est enroulé dans ses lames ?
Le viticulteur a médité et trouvé un nouveau métier : celui de berger de Vitirover. Ce sont de jeunes gens passionnés par la technologie qui vont veiller au bon fonctionnement de la tondeuse autonome. Deux bergers surveillent tout un troupeau de Vitirover, mais il faut bien les occuper quand le travail est fait. Alors l’inventeur a eu une autre idée : créer des prestations pour ses collègues viticulteurs. Ainsi, aujourd’hui la cinquantaine de robots est toujours en action. On fait appel à eux jusqu’en Autriche, Allemagne… Désormais la tondeuse des vignes intéresse aussi la SNCF qui y voit une solution pour entretenir les bas-côtés des voies ferrées. EDF également pour faire le tour de ses pylônes électriques.
Évidemment, le Vitirover n’a pas laissé indifférents les visiteurs du groupe Nefertiti, essentiellement des agriculteurs et professionnels du monde agricole de plusieurs nationalités. Les questions ont fusé, autant sur l’aventure du petit robot que sur l’intérêt à maîtriser l’herbe de cette façon. Là encore, Xavier David Beaulieu a réponse à tout. Il a déjà testé ses Vitirover sur une jeune vigne plantée en juillet 2018. La moitié est entretenue par la tonte, l’autre moitié par du labour. « Pour l’instant, la vigne est plus vigoureuse là où on a retourné la terre, car l’herbe ne concurrence pas la jeune plante, mais dès l’an prochain, je parie que ce sera le contraire. »
Car, en plus de tondre et d’enlever la contrainte d’une tâche répétitive au viticulteur, le Vitirover aurait une action sur la vitalité de la vigne. L’herbe coupée par la petite tondeuse crée un paillage naturel qui garde ce qu’il faut d’humidité pour une vigne en meilleure état. Testé et approuvé au Château Coutet.

 

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